GOYA, DU PEINTRE DE COUR AU GÉNIE VISIONNAIRE
Le 22/09/2024
Prochaine conférence : jeudi 3 octobre 2024 à 14 h 45 au Ciné Dyke Le Puy-en-Velay
GOYA, DU PEINTRE DE COUR AU GÉNIE VISIONNAIRE
par
Serge LEGAT
Conférencier des musées nationaux
André Malraux a écrit : « Les couleurs des apparitions de Goya n’ont plus d’autre raison d’être que ses tableaux. Il n’annonce pas tel de nos artistes ; il préfigure tout l’art moderne, parce que l’art moderne commence à cette liberté ».
Goya est né en 1746 en Aragon ; il mourra à Bordeaux en 1828. Ses premières œuvres sont encore marquées par le charme et l’élégance du XVIIIème siècle. Ses cartons de tapisseries pour la manufacture de Santa Barbara sont empreints de l’esprit du rococo international. L’influence des Tiepolo, peintres vénitiens qui ont travaillé à Madrid, est très sensible dans ces œuvres de jeunesse.
Devenu peintre de la cour espagnole, portraitiste attitré du roi Charles IV et de la reine Marie-Louise, il s’affirme très vite comme l’un des artistes les plus originaux et les plus marquants de son temps. Ses portraits d’une grande force psychologique peuvent osciller entre la grâce absolue et la férocité la plus totale.
Son évolution vers une peinture sombre, liée aux drames de l’histoire de l’Espagne, fait de Goya l’un des maîtres du romantisme noir. Les œuvres ornant les murs de sa maison, « la Quinta del Sordo », aujourd’hui conservées au musée du Prado, sont peuplées d’un univers halluciné marqué par la violence, la laideur et l’horreur que Baudelaire décrira en ces termes : « Goya, cauchemar plein de choses inconnues ».
Goya demeure le témoin de l’Espagne au quotidien, de ses fêtes, de ses traditions, de ses espoirs ; mais aussi de ses maux : décadence de la cour, horreurs de la guerre, injustices.
Rois et toreros, princesses et courtisanes, ministres et poètes, tous viennent s’exposer au regard du peintre : le regard d’un artiste sans pitié, d’un homme lucide et solitaire.